Il y a quelques jours, j’ai regardé cette vidéo qui m’a replongée dans des sensations que j’ai vécues en voyage. Deux musiciens font du stop et chantent la chanson “Vois la beauté en moi” au conducteur, à la conductrice.
Je vous invite vraiment à la regarder et à vous laisser toucher:
“Le temps d’une chanson, la beauté, présente en chacun, nous rappelle qu’elle semble prête à se dévoiler à chaque instant, dès qu’on l’écoute, dès qu’on lui parle, dès qu’on la voit… Est-ce que vous arrivez à imaginer le monde dans lequel on pourrait vivre si chacun de nous avait la capacité à voir la beauté en soi et en l’autre?”
[Wonderfool]
Que d’émotions!
J’ai repensé à toutes ces fois où j’ai fait du stop en voyage et où je me suis laissée toucher par l’émotion. Même si je ne faisais pas de musique, je partageais des expériences de vie avec des inconnus qui me laissaient monter en voiture avec eux pour un petit bout de chemin.
En voyage, en général, il règne cette confiance mutuelle où on arrive à se confier très facilement à des personnes que l’on vient de rencontrer. Peut-être parce qu’on sait que cette rencontre sera brève, il y a une relation intime qui se crée avec ces personnes. Et parfois, même si on les connait à peine, on a l’impression de les connaitre depuis toujours…
Le voyage en stop peut faire peur au premier abord, mais une fois qu’on a essayé, on n’a plus envie d’arrêter 🙂 C’est un moyen de transport tellement enrichissant et qui laisse des souvenirs incroyables!
En se plaçant sur le bord de la route, on se laisse toucher par la Vie ;
On laisse place à l’imprévu;
On a au fond de nous cette confiance que tout ira bien, qu’on ira exactement là où on doit aller, avec les personnes que l’on doit rencontrer ;
Le stop, c’est la rencontre entre des inconnus parfois d’univers bien différents.
Faire du stop, c’est lâcher prise,
Sur la destination : arrivera-t-on à la destination prévue initialement ou devra-t-on faire des détours ? Le trajet sera-t-il direct ou avec plusieurs arrêts ? Devra-t-on modifier nos plans et notre itinéraire, en fonction de l’emploi du temps de la personne et de son parcours?
Sur le temps : le temps d’attente : apprendre à faire preuve de patience, parfois beaucoup de patience. Mais aussi le temps qu’il fait ! Pluie, froid, soleil brûlant…
Sur les rencontres : qui va s’arrêter ? Une famille ou une personne seule ? Un homme, une femme ? Un groupe d’amis ? Que va-t-on partager ensemble, qu’est-ce qui va résonner en nous ? Qu’est-ce que cette nouvelle rencontre va nous apporter et nous apprendre mutuellement ?
Sur le moyen de transport : une voiture confortable ? La benne d’un camion ? L’arrière d’un pick-up ? Coincé.e entre les caisses, les bagages ou les animaux ? Dans la cabine d’un semi-remorque ? Sur une moto ? Dans un side-car (oui oui ça m’est arrivé à Cuba!)?
Mon tour en side-car à Cuba:)
Et à l’arrière d’un camion en Colombie
Faire du stop, c’est aussi apprendre à faire confiance, confiance aux gens, confiance en soi, confiance en la vie qui nous amènera exactement l’expérience qui est faite pour nous.
Mais aussi apprendre à nous fier à notre instinct. Si on ne le sent pas, on ne monte pas dans la voiture !
Et si on s’écoute, qu’on est en confiance et qu’on se laisse aller à la magie de la vie, alors des expériences incroyables se produisent.
Ma première expérience…
La première fois où j’ai levé le pouce, c’était au tout début de mon voyage, en Patagonie, sur la Ruta 40, entre El Calafate et El Chalten. Pour cette première fois, j’étais avec une amie chilienne, rencontrée deux jours plus tôt au glacier Perito Moreno.
En nous plaçant le matin sur le bord de la route à la sortie de la ville, on a rencontré deux autres Chiliens qui allaient exactement au même endroit. Ils se sont posés un peu plus loin pour ne pas nous faire manquer des occasions (les voitures s’arrêtent moins facilement si on est nombreux).
On les a recroisés plus tard au croisement d’une route, au milieu de nulle part. On se sentait un peu seuls au monde, il y avait vraiment peu de voitures qui passaient par là et aucune habitation. Pour faire passer le temps, on a commencé à jouer aux cartes, par terre, en attendant les prochaines voitures.
Un de mes amis chiliens qui a gentiment accepté que je mette sa photo ici 🙂
Finalement, une voiture est arrivée, s’est arrêtée, les garçons nous l’ont laissée, et on les a retrouvés le soir à destination où on a passé la soirée tous ensemble.
Une première expérience de stop réussie, amusante et de belles rencontres. Mes compagnons de stop chiliens m’ont accueillie plus tard, chez eux, à Santiago et on est toujours en contact aujourd’hui. La vie est bien faite.:)
Les fois suivantes en solo
La fois d’après, j’ai tenté l’expérience seule pour rejoindre ma prochaine destination, avec une foi inébranlable.
C’était à El Bolson, toujours en Patagonie, sur la Ruta 40. Je me suis mise un matin le long de la route pour rejoindre San Carlos de Bariloche. Un pick-up s’est arrêté. Un homme d’une soixantaine d’années est sorti, l’air bougon. On a mis mon gros sac à l’arrière du pick-up et je suis montée devant avec lui. Il ne parlait pas, puis petit à petit on a commencé à échanger quelques mots. Il m’a confié qu’il n’avait jamais pris d’auto-stoppeur et pourtant il faisait la route plusieurs fois par semaine.
Mais cette fois-ci, il s’était arrêté. Il m’a un peu raconté sa vie, puis on s’est arrêtés à une station-service où il allait régulièrement avec ses parents quand il était enfant ; il ne s’y était plus arrêté depuis son enfance.
On a pris un café, discuté avec le propriétaire, pris quelques photos, puis on a repris la route. Il m’a fait visiter plusieurs coins de la région avant d’arriver à destination.
Un de nos arrêts en chemin
Il m’a confié qu’il n’avait jamais pris le temps de profiter du voyage et des lieux incroyables sur cette route qu’il faisait si souvent et à toute vitesse. Il m’a avoué qu’aujourd’hui, en s’arrêtant pour me prendre en stop et en faisant le trajet avec moi, il avait réussi à « ralentir », à prendre le temps et à profiter de ce moment.
On a beaucoup parlé, échangé.
Quand, en fin de journée, il m’a déposée à mon auberge, après s’être assuré que c’était le bon endroit et que j’y serais bien (il était adorable), il a repris sa route.
Cette rencontre m’a nourrie et je suis arrivée dans cette nouvelle ville riche de tout ces moments de partage avec cet étranger qui n’en était plus vraiment un. Ce trajet qui devait durer deux heures a duré une journée entière, c’était incroyable pour une première expérience en solo!
Les cadeaux du chemin…
Faire du stop, ce n’est pas simplement aller d’un d’un point A à un point B.
Faire du stop, c’est échanger, partager des souvenirs, des expériences, des morceaux de vie, un moment hors du temps, avec un ou des inconnu.s que nous ne reverrons probablement jamais, le temps d’un trajet, et qui laisse une petite empreinte dans notre cœur.
Le stop, c’est un cadeau pour nous qui attendons sur le bord de la route, mais aussi pour la personne qui s’arrête, parce que c’est un moment totalement imprévu dans la vie de chacun, une surprise dans le quotidien.
C’est un partage dans un moment de solitude. Je pense à ce camionneur qui s’est arrêté sur la Côte Caraïbe en Colombie, qui passait ses journées seul à bord de son camion, loin de sa famille (c’était la première fois que je montais dans un camion de cette taille, on a une vue incroyable de là-haut!) Ce camionneur avait l’habitude de faire la route seul, mais ce jour-là, il m’a partagé un bout de sa vie, m’a raconté les retrouvailles avec sa famille quand il rentrait chez lui après plusieurs jours de travail. Il m’a aussi raconté l’histoire et la vie de certains villages que nous traversions.
Ce sont des moments privilégiés où deux voyageurs solitaires se (re)trouvent pour partager un moment ensemble.
Finalement, le stop, c’est une belle métaphore de la vie : se laisser toucher par les expériences que l’on rencontre sur notre route, se laisser surprendre et accueillir ce qui vient, les cadeaux de la vie.
C’est pour ces rencontres, ces partages, et ces moments suspendus que le voyage est extraordinaire.
Et c’est pour ces moments d’émotions partagées que je vous encourage vraiment à franchir le pas du voyage solo et qui plus est à faire du stop.
NB :
- Un autre avantage à faire du stop : les locaux qui s’arrêtent vous racontent souvent l’histoire de la région, vous font parfois découvrir les lieux, et surtout vous donnent de bons conseils et de bons plans sur les lieux à visiter ou à éviter, sur les logements, les cafés, restaurants, spécialités à tester… Et si vous avez de la chance, ils peuvent même vous accueillir chez eux:)
- Toutes les régions ne sont pas propices à faire du stop, il y a certains pays et certains endroits où c’est courant, et d’autres où c’est plutôt déconseillé. Renseignez-vous, ne prenez pas de risque inutile. Et surtout, fiez-vous à votre intuition 🙂
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