Vipassana, mon expérience – Monde Intérieur

La retraite Vipassana, vous connaissez ?

C’est une retraite de méditation silencieuse de 10 jours.

Ça fait très longtemps que j’ai envie d’écrire sur l’expérience que j’ai vécue, mais j’ai tellement de choses à dire que je ne sais pas par quel bout commencer. Je vais tenter de faire un résumé…

Avant de partir en voyage, j’avais lu des témoignages de voyageurs qui avaient participé à cette retraite et qui avaient eu des prises de conscience énormes et avaient vécu une véritable transformation.

C’était donc une des expériences que je voulais absolument vivre pendant mon voyage !! Je l’ai inscrite sur ma « to do list », même si j’avais décidé de voyager au feeling sans m’imposer de parcours, de timing, ou de choses à faire, mais celle-ci paraissait tellement extraordinaire qu’il fallait que je la tente!

Celles et ceux qui ont déjà lu mes précédents articles savent que le peu de plan que j’avais au départ a été chamboulé, je me suis laissée porter par la Vie et par les rencontres, et je me suis retrouvée dans le nord de l’Amérique latine bien plus tôt que prévu (j’avais commencé mon voyage par la Patagonie). Quand j’étais au Mexique, j’avais prévu de redescendre jusqu’en Argentine en passant par la Colombie et j’ai donc trouvé une retraite Vipassana qui aurait lieu au moment de mon passage en Colombie. Dès que j’ai eu la date, je l’ai notée et j’étais sur le qui-vive pour l’ouverture des inscriptions. Ces retraites ont beaucoup de succès et le nombre de demandes est énorme. Il faut donc guetter les dates et s’inscrire dès l’ouverture des inscriptions.

À la date d’ouverture, j’étais à Cuba (où la connexion internet est trèèès compliquée et instable, donc gros stress, est-ce que je vais réussir à me connecter pour m’inscrire?!). Je me suis connectée à 6h du matin (ouf ça marchait!) pour être sûre d’être dans les premières et compléter le formulaire d’inscription dans lequel il fallait justifier de son intérêt pour la participation. J’avais peur de « mal répondre » et de ne pas être « sélectionnée ». Puis j’ai lâché prise, et je me suis dit que si je devais participer à cette retraite Vipassana à cet endroit-là et à ce moment-là, alors je serais sélectionnée, et si pas, c’est que ce n’était pas le moment.

Quelques jours plus tard, j’ai reçu la réponse, et elle était positive ! J’étais trop heureuse ! J’étais acceptée pour le cours de 10 jours qui aurait lieu fin juillet en Colombie.

J’avais encore quelques semaines à attendre, je suis retournée au Mexique puis j’ai pris mon billet pour la Colombie et j’ai fait un volontariat à proximité du lieu de la retraite pour y aller directement après.


À mon arrivée au centre de méditation, on m’a donné un petit sac en tissu où je devais laisser mon téléphone portable, tout objet me permettant d’écrire : stylo, crayon, papier, crayon pour les yeux…, toute distraction (livre, musique…), nourriture (chocolat, ahhhhhh !!!!!), argentÊtre totalement seule avec moi-même pendant 10 jours.

On nous a aussi demandé de signer un formulaire qui nous engageait à rester jusqu’au 10ème jour du programme et à ne pas partir avant !

Dès le premier soir, le silence était imposé.

J’étais au courant de toutes ces règles, je m’y attendais, et ça ne m’a pas posé de problème.

Faire silence, ce n’est pas compliqué pour moi, bien au contraire, j’adore ces moments où personne ne parle, où je peux rester seule avec moi-même. 😉 Ça a d’ailleurs été très difficile le dernier jour quand on a pu reparler, je n’avais aucune envie de parler, ni d’entendre tout ce chahut, c’était trop extrême de passer du silence à autant de bavardage aussi subitement.

Par contre, ce qui a été plus difficile, c’était le fait de ne pas pouvoir communiquer, d’aucune manière que ce soit. C’est-à-dire qu’outre la parole, on ne pouvait pas non plus regarder les autres dans les yeux, ni leur sourire… Même si je comprends l’intérêt de cette absence de communication pour rester centré sur soi, être dans son intériorité, ne pas être « dérangé » par l’extérieur, pour profiter au maximum de l’expérience introspective, ça a vraiment été difficile de ne pas pouvoir croiser les regards dans le couloir, de ne pas regarder quelqu’un qui me tenait la porte, de ne pas sourire à la personne qui me tendait la louche au repas… Il y avait quelque chose qui me semblait inhumain dans ces gestes et qui ne résonnait pas du tout en moi.

D’autant plus que je partageais un dortoir avec 6 autres personnes, et qu’on devait s’accorder sur l’utilisation de la salle de bain…. Le timing avait été fixé à l’avance, mais il était très très serré. Il suffisait qu’une personne ne respecte pas son horaire pour que tout le monde soit chamboulé. Ça peut sembler anodin, mais les horaires de méditation sont très stricts et il était impossible d’arriver en retard dans la salle de méditation. Si on n’avait pas le temps de passer aux toilettes avant de rentrer dans la salle, c’était un peu compliqué de rester dans la posture pendant plus de 2h… (Apparemment certains centres de méditation ont des chambres individuelles ce qui me semble bien plus approprié à ce genre de retraite).

Heureusement, j’ai eu une bouffée d’oxygène, avec ma voisine de chambre, Lina (on a fait connaissance avant que le silence ne soit imposé) et on a eu plusieurs fou-rires pendant les 10 jours (toujours sans parler!) D’ailleurs, après la retraite, elle m’a accueillie chez elle, on a été dans sa famille et chez ses amis, elle m’a fait découvrir sa région, elle m’a appris le macramé,


et j’ai eu la chance de dormir dans une cabane magnifique construite par un de ses amis en haut d’un arbre, avec piscine naturelle et terrasse donnant sur le lever de soleil ! Une superbe rencontre !


Pour en venir à la pratique en elle-même, la cloche sonnait à 4h30 du matin pour nous appeler pour la première méditation avant le petit-déjeuner, on se réunissait toutes (c’était une retraite pour femmes uniquement, sauf l’enseignant qui était un homme…) dans une salle commune, on prenait la posture en arrivant et on ne bougeait plus pendant 2h en attendant une pause. Sur la journée, on passait en moyenne 9h assises sur notre coussin. La journée se terminait vers 22h après les enseignements du soir (où j’avais de plus en plus de mal à rester éveillée au fil des jours).

Les trois premiers jours ont été les plus difficiles. Rester assise, le corps immobile qui crie de douleur à en pleurer… Rester concentrée pendant toutes les heures de méditation de la journée sur un unique mini point du corps (situé entre la lèvre supérieure et la narine, ce petit mini bout où on sent à peine le souffle passer), avant de poser notre attention sur l’ensemble du corps les jours suivant. Les journées étaient parfois très longues ! D’autant plus que je voyageais léger et je n’avais pas de zafu, juste un coussin prêté par une amie colombienne, autant dire que j’ai souffert! Pour m’évader, de temps en temps, quand c’était trop dur, mon regard s’envolait vers la petite lucarne, tout en haut du mur… ce ciel bleu, ce « dehors », synonyme de liberté… mon unique échappatoire vers l’extérieur (sauf quand on me surprenait et qu’on me rappelait à l’ordre). Même aller se balader dans la nature était interdit, car considéré comme distraction, il fallait rester dans l’enceinte du centre (heureusement, il y avait quand même un jardin!).


Ce que j’ai retiré de cette retraite

J’ai été bluffée par l’intelligence du corps humain et la force du mental, j’ai pleuré de douleur les premiers jours et cette douleur a disparu miraculeusement après quelques jours… J’ai discuté avec des pratiquants assidus qui m’ont raconté la guérison de certaines maladies ou douleurs chroniques. Comme quoi on a vraiment des capacités insoupçonnées et inutilisées. Ça, ça a été une sacrée prise de conscience et expérience de vie…

J’ai encore une fois eu le rappel de la leçon « ne te compare pas et ne fais pas de projection » (on l’oublie trop souvent celle-là!) :

Le dernier jour, quand on a pu recommencer à parler, on a échangé sur nos ressentis. Et là, on s’est rendu compte de toutes les histoires qu’on avait pu se raconter pendant ces 10 jours ! Chacune a partagé comment elle s’était sentie et comment elle avait « perçu » l’expérience des autres. C’était stupéfiant. On avait toutes imaginé et projeté ce que les autres étaient en train de vivre ! Une personne qui nous avait donné l’impression d’être hyper sereine et de très bien y arriver nous a raconté qu’elle avait failli quitter la retraite au bout du 3e jour tellement elle se sentait mal. Une autre personne semblait être une méditante confirmée et elle nous a avoué qu’elle n’avait jamais médité de toute sa vie… Et pendant que je souffrais et que je rageais, les autres avaient l’impression que je vivais très bien l’expérience et que je méditais sans problème ! C’est dingue comme l’être humain peut se comparer aux autres, surtout en situation de stress et d’insécurité. On a du mal à méditer, on observe les autres, on se dit qu’eux, ils y arrivent mieux, que c’est moins difficile, alors qu’ils se comparent aussi à nous parce que sans qu’on s’en rende compte, on renvoie la même image.

Ce qui a été le plus difficile

 

Mis à part le manque de communication « non-verbale » et l’impossibilité d’aller me ressourcer dans la nature dont j’ai parlé plus haut –, c’est la discipline et les obligations. C’était insupportable pour moi de me faire rappeler à l’ordre, d’être surveillée jusque dans ma chambre où on venait nous chercher le matin si on n’était pas à l’heure à la première méditation ! Alors que nous étions toutes adultes, et selon moi responsables de nos actes et de nos décisions.


À la fin de la retraite, le dernier enseignement du soir mentionnait que maintenant que nous avions suivi le cycle de 10 jours, nous « devions » méditer 1h tous les matins et 1h tous les soirs, et suivre une retraite de 10 jours au moins une fois par an.

Même si je suis convaincue de l’importance de la discipline et de la rigueur pour atteindre un certain état méditatif, et que sans ces obligations, je n’aurais probablement pas ressenti ce que j’ai ressenti, le simple fait qu’on me dise que je « dois » et qu’il « faut » le faire, ça me bloque. D’ailleurs, après cette retraite, j’ai arrêté de méditer pendant plusieurs mois… (Pour en avoir discuté avec d’autres personnes ayant aussi participé à des retraites Vipassana, il semblerait que ces « instructions » ne soient pas transmises de manière aussi exigeante dans tous les centres. Heureusement…)

Une de mes valeurs fondamentales est la Liberté. Et à partir du moment où j’ai la sensation qu’on m’impose quelque chose, ça se bloque en moi.

Pour moi, la Joie est la meilleure voie d’accomplissement, et j’ai eu l’impression que cette expérience prônait la rigueur en ôtant toute joie naturelle.

Conclusion


Il s’agit uniquement de mon vécu, de mon expérience personnelle et de l’interprétation que j’ai pu en faire. Je ne remets nullement en cause la pratique ni ses bienfaits. Simplement, cette expérience a vraiment été toucher cet aspect fort en moi : la liberté.

Finalement, j’allais à cette retraite parce que j’avais lu des témoignages très positifs, de transformations radicales, j’avais fait des projections et j’avais des attentes bien précises (ah ces fameuses attentes!) L’expérience que j’y ai vécue était tout autre, mais je suis tout de même très heureuse de l’avoir expérimentée, d’avoir pris conscience de ma capacité à rester assise pendant autant d’heures sans bouger, de la capacité de mon corps à laisser passer les douleurs physiques et à atteindre cet état particulier, d’avoir ressenti cette énergie parcourant mon corps. Je suis persuadée que je pourrais aller beaucoup plus loin dans cette expérimentation, si j’en ressentais le besoin.

Peut-être qu’un jour, je réitérerai l’expérience, parce que ce sera bon et juste pour moi à ce moment-là. Mais aujourd’hui, l’important pour moi, c’est de vivre, de m’amuser, de profiter de la vie, sans toutes ces obligations quotidiennes. Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’être assis pendant des heures sur un coussin pour faire l’expérience de la méditation et pour être pleinement présent. D’ailleurs, je lis en ce moment le livre de Fabrice Midal « Foutez-vous la paix! Et commencez à vivre », qui déculpabilise carrément et soutient la liberté dans la pratique et dans la discipline. Ça me parle beaucoup !!! Je vous le conseille vivement !

Pour moi, il n’y a pas de meilleure voie ni de meilleure spiritualité que d’être bien avec soi-même, de s’écouter à chaque instant, en faisant ce qui est juste pour soi et en étant dans la Joie.

À chacun de trouver la voie qui lui correspond et qui lui fait le plus de bien.

Je ne peux que vous inciter à faire l’expérience par vous-même si vous en ressentez l’appel, à ne pas « croire » mon expérience, ni celle des autres, à ne pas avoir d’attente particulière, juste voir ce qu’il se passe pour vous, en vous. Et de toute façon, chaque expérience nous amène un apprentissage.

Si vous avez vous aussi fait l’expérience Vipassana, n’hésitez pas à me faire part de vos retours, à partager votre expérience personnelle en commentaire ci-dessous, et si vous avez envie de tenter et que vous voulez plus d’informations, vous pouvez aussi m’envoyer un message!:)

Autres points à ajouter :

  • la participation à ces retraites est gratuite ! A la fin de la retraite, chacun donne ce qui est juste pour lui et les bénéfices permettent à d’autres personnes d’y participer, peu importe leur situation ou leur revenu. J’ai trouvé ça génial de me dire que ma participation pouvait soutenir d’autres personnes ayant besoin de faire cette expérience et de se retrouver.

  • Après la retraite, j’ai pu échanger avec notre « professeur » qui allait enseigner la méditation dans les prisons et avait des résultats étonnants auprès des détenus. J’ai trouvé ça magnifique !

  • Si vous décidez de tenter l’expérience, je vous conseille vraiment de trouver un centre où il y a possibilité d’avoir une chambre individuelle

  • Vous pouvez retrouver ici toutes les informations sur la méthode, les cours, et les différents centres partout dans le monde.


Catégories : LibertéVoyage

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